Elle ne sait pas comment
elle s’appelle. Elle ne sait pas en quelle langue sont ses rêves. Elle ne sait
pas ce qui a rendu les hommes furieux. Le mot esclave la précède et va la
poursuivre…
Une petite fille noire, Bakhita, enlevée à son village, à sa famille,
à sa mère. Le cœur de Bakhita, et surtout son corps, n’en peuvent plus.
Arrachée à l’enfance elle est violée et battue régulièrement.
Les sévices sont "nécessaires" pour que les maîtres puissent jouir de son innocence
tout en éloignant de sa mémoire toute envie de révolte.
Elle arrive néanmoins à
recouvrer la liberté. Mais pour aller où ? La forêt l’engloutit, la peur
l’envahit, les animaux sauvages attendent l’heure où elle leur tombera dans la
gueule. Elle a froid, elle a faim, les marques des chaînes sur ses chevilles
lui font un mal lancinant… Moins que la séparation de sa mère et de la joie de
l’enfance perdue… Elle n’en peut plus…
Sa mère et ses câlins lui manquent. Et
puis ses bourreaux la rattrapent. Les sévices physiques vont crescendo. Mais elle
n’a plus mal à un corps malingre qui n’est plus le sien. Elle est absente. Son
esprit a voyagé jusqu’au village où elle était heureuse avec sa mère, sa sœur,
son père et tous les proches qui appartenaient à la vie perdue...
Elle inspire une dernière fois et elle n'est plus. Seul s'entête son esprit.
Un dernier regard à la nuit froide et elle
rejoint, enfin, le paradis des anges.
22-03-2018
JoanMira